Présence amérindienne

Selon les reconnaissances archéologiques, il faut remonter à quelques cinq mille ans pour retrouver une présence humaine dans le secteur. Les spécialistes distinguent deux grandes périodes d’occupation. La première, est celle de l’archaïque (de 5000 à 3000 ans avant aujourd’hui) la suivante est celle du sylvicole qui se prolonge jusqu’à l’arrivée des premiers Européens. Des groupes nomades fréquentent alors le littoral et utilisent des outils de pierre taillée.

Ils vivent de la cueillette des fruits et des mollusques ainsi que de pêche et de chasse. Ils utilisent les rivières comme voies de pénétration à l’intérieur du territoire vers des sites traditionnels de récolte. La venue au seizième siècle d’européens bouleverse tout littéralement le mode de vie des indigènes; des outils et des armes de métal (couteaux, marmites, aiguilles) deviennent soudainement de première nécessité, et la sollicitation par l’homme blanc, pour le «pelu» (le castor) se fait de plus en plus pressante, au point même d’épuiser certains territoires de trappe.

De plus, des fièvres et virus aussi anodins que ceux du rhume ou de la rougeole contractés lors de ces échanges déciment ces populations nomades; des clans entiers disparaissent sans laisser de traces. Ainsi au temps de la Nouvelle-France ce site qui avait probablement été le lieu de joyeuses retrouvailles, entre clans amis et parents, se trouva de plus en plus déserté. De plus, en raison de meilleures qualités de mouillage pour les navires français, des postes de traites sont implantés sur la Portneuf à l’ouest et aux Ilets-Jérémie à l’est y concentrant les commerçants et les chasseurs amérindiens. Ainsi, en 1872, un arpenteur du gouvernement rapporte dans son rapport la rencontre de «plusieurs familles d’indiens» à la rivière du Sault aux Cochons, et décrit leur sentier traditionnel.

«Je relevai le portage des indiens ainsi que les lacs qu’on rencontre sur son parcours… Ce sentier (…) tracé et fréquenté depuis des siècles, côtoie le flanc des montagnes, arrivant insensiblement sur les hauteurs, et de là fait les mêmes détours, pour descendre de l’autre coté, sans se fatiguer et allonger le chemin.»

Mais l’arrivée des travailleurs forestiers amena le retrait progressif des familles amérindiennes, qui en majorité se retrouvèrent dans la nouvelle réserve de Betsiamites, créée en 1860 à une quarantaine de kilomètres à l’est.